Vos questions

Je vous propose de participer à un forum de discussion où chacun pourra exprimer ses questionnements, faire part de son expérience, ou tout simplement partager sa passion pour notre art.
Je suis certaine que nos échanges représenteront une aide précieuse pour celles et ceux qui se sentent isolé.e.s face aux exigences d'un parcours dans le monde professionnel. D'autres pourront être animé.e.s par la curiosité, ou l'envie de comprendre l'exigence de ce métier éprouvant, mais ô combien exaltant. On peut se poser certaines questions qui n'auront leur juste réponse que dans dans un parcours personnel, mais elles sont toujours sources de réflexion et d'inspiration réciproque.
Je me sens déjà enthousiaste à l'idée de vous répondre.

Léa

Peut-on enseigner le chant classique à tous les âges ?

Concernant les jeunes, il est préférable de commencer la pratique du chant classique après la mue. La respiration du chanteur et notamment l'expiration inversée que je démontre dans le manuel DSV, va induire une pression sous-glottique que le larynx devra supporter, aussi, il est nécessaire de ne pas brûler les étapes d'un développement physique en adéquation avec l'effort musculaire que suscite le chant classique. 
Mais ce qui me semble crucial, c'est l'envie de chanter. Et d'associer cette envie à des projets qui soient réalisables !
Je ne vois jamais les gens sous le prisme de l'âge, ou encore sous l'appellation de personnalités « neuro-atypiques », qualificatifs dont ont été attribués certains de mes élèves par un jury extérieur. 
Je ne vois que des personnes désireuses de trouver ou retrouver une coordination corporelle, de découvrir une vibration intérieure, une expression de soi-même en lien avec les autres, d'avoir accès au monde musical en interprétant des chants magnifiques.
Mais d'un point de vue objectif, c'est souvent le niveau de formation musicale qui freine l'apprentissage chez les personnes adultes car il faut beaucoup de courage pour pratiquer le solfège et comprendre le langage musical lorsque l'on n'en a pas fait l'expérience dans la jeunesse.
Je rajouterai qu'il n'y a pas d'âge pour arrêter de chanter et que la voix chantée soigne !

Laura

Hélène, tu n'as pas écrit ton manuel DSV en écriture inclusive, pourquoi ?

Je sais bien qu'en 2023, on ne s'adresse plus à un public ou à une assistance de manière genrée, ce qui soulève un problème lorsqu'il s'agit de vérifier la parité dans une entreprise (le cas s'est produit au sein de mon conservatoire), ceci dit, en chant classique, je m'adresse spécifiquement aux voix, donc, plutôt que de parler de mécanisme 1 ou 2, je dis encore de manière spontanée, homme, ou femme.
Je sais que la question du genre est au centre des préoccupations de notre société et je m’intéresse de près aux nouvelles disciplines vocales concernant la transformation et l'accompagnement des personnes transgenre ou en processus de transformation. Mais ce n'est pas le sujet d'un manuel de technique vocale classique, bien que je ne l'ignore pas dans mon rapport avec mes élèves.
Par ailleurs, je rappelle que de nombreux hommes choisissent de chanter en mécanisme 2, spécifiquement dans le répertoire baroque.

Anne

Dans une vidéo, tu parles de tes remèdes de grand-mère, quels sont-ils ?

Il faut savoir qu'un chanteur est, à juste titre, obsédé par son état de santé. Un rhume, passe encore, mais une trachéite peut vous ruiner une saison. Aussi, est-il nécessaire d'avoir de bonnes aides dans son armoire. Et comme beaucoup de personnes, je privilégie les remèdes naturels que l'on peut faire soi-même ou que l'on achète ou en pharmacie, ou en magasin de diététique comme les gouttes d'extrait de pépins de pamplemousse, que personnellement, je prends sans les diluer.
Ce qui fatigue énormément la voix, c'est la toux sèche. Cela peut aller jusqu'à rendre aphone, les cordes vocales se refermant avec force. Aussi, j'ai toujours avec moi, mes pastilles d'Euphon, remède traditionnel à base de teinture mère d'Erysimum, ainsi que le spray Azéol pour la gorge à l'extrait de sauge adoucissant. Il existe quantité de remèdes naturels à disposition, mais je vous livre ici mes deux phares.

Je suis fan du bol d'air Jacquier, qui me donne la sensation de purifier mon organisme de la pollution et me permet de mieux résister aux virus ambiants. 

Ensuite, j'ai un remède que j'élabore et que j'utilise régulièrement, qui se nomme le vinaigre de feu. Il existe plusieurs recettes, voici la mienne :

  • 120 gr d'oignons coupés en gros dès
  • 75gr d'ail coupés en deux
  • 50gr de petits piments rouges coupés en deux et épépinés
  • 120 gr de gingembre coupé en tranches
  • 3 branches de romarin ou de thym

Mettre tous les ingrédients dans un bocal d'un litre le Parfait.
Recouvrir de 65 cl de vinaigre de cidre non pasteurisé.
Fermer le bocal hermétiquement et attendre quatre semaines.
Ensuite, filtrer la potion, rajouter 4 cs de miel, remuer et laisser au frigo dans une bouteille en verre.
Prendre 1cs par jour, pur ou dilué dans un verre d'eau ou utilisé comme sauce.
Radical.

Mais le meilleur conseil de santé que je puisse vous donner est de privilégier suffisamment d'heure de sommeil. La voix a besoin de récupération.

Hugo

Faut-il beaucoup d'amour pour enseigner ?

Je parlerais plutôt de bienveillance. Car en effet, une relation quasi électrique s'installe entre le professeur et son élève, qui peut bien ou mal tourner. Il m'arrive de ne pas garder d'une année à l'autre un ou une élève, en les redirigeant gentiment vers d'autres professeurs. Concernant un garçon, je le dirige vers un professeur homme en sachant que l'identification vocale sera de toutes façons un apport bénéfique. 
Parfois une amitié se créée entre le professeur et son élève et perdure au fil des années. J'ai appris à rester discrète à ce sujet.
En recevant des réponses dépassant tout ce que j'aurais pu imaginer à une question somme toute banale, j'ai appris également à ne plus en poser. Et quand je relâche mon auto-vigilance, je me dis que j'ai pris bêtement le risque de rentrer dans l'intimité d'une personne, ce que je ne me permets pas de prime abord. 
La passion pour notre art est tellement forte que la distance entre la fascination qu'exerce une voix, celle du professeur ou de l'élève, peut se raccourcir et au pire des cas, se mélanger.
Je pense qu'il est important de se positionner en tant que pédagogue. Cela reste un exercice difficile, mais à mon avis nécessaire, surtout lorsqu'on est passionné et que l'on obtient des étudiants des résultats enthousiasmants.

Elise

ma question est: pourquoi dites vous qu'il ne faut pas apprendre le bel canto trop tôt car après il n'y a plus de retour en arriere merci?

Quelle belle question ! Merci beaucoup Elise.

C'est une joie de trouver votre mail, car il s'était égaré dans mes spams.

 

Je suis ravie que vous trouviez de l'intérêt au manuel. Et oui, je pense qu'il y a de nombreuses questions derrière chaque phrase énoncée de façon un peu péremptoire.

Aussi, je vais m'expliquer :

 

Je dis souvent que le terme "musique classique" englobe un vaste livre d'histoire et que l'on balaye aisément 2 siècles de Monteverdi à Bellini, en passant par Bach ou Haendel.

La technique vocale doit vraiment s'adapter à la culture d'une époque.

Le rapport au corps a évolué, les voix de soprano, initialement chantées par les jeunes garçons, se sont incarnées petit à petit dans le corps chantant des femmes.

Aujourd'hui, dans les concours, on demande des airs de différentes époques. Pour moi, cela reste un non-sens, car on ne chante pas avec les mêmes perceptions corporelles, du Bach, du Mozart ou ce qu'on a longtemps appelé "du grand opéra", comme Bellini, Donizetti, Puccini ou Verdi , ou encore Massenet, Gounod, Berlioz... sans parler de l'opéra allemand.

On devrait chanter avec la même technique ? 

Autant dire que c'est impossible.

Lorsque l'on travaille la technique du souffle, on cherche à ouvrir la gorge au maximum et à "mixer les registres", pour obtenir des voix rondes, vibrantes, de couleur plutôt sombre. Dans le but de chanter legato, de longues phrases et de soutenir des aigus prolongés.

Alors que le "répertoire baroque" met l'accent sur l'ornementation et la virtuosité, en articulant les vocalises au larynx. Les aigus doivent rester "purs", avec le maximum d'harmoniques aigus, d'une certaine manière, on pourrait dire "en tête". D'autre part, et cela est très important, il faut pouvoir maîtriser son vibrato, car de nombreux sons sont voulus "non vibrés".

Si vous ouvrez votre voix, vous ne maîtriserez plus votre vibrato, vos aigus auront des harmoniques de tout le spectre. C'est une évolution formidable si vous voulez chanter du bel canto, mais cela pourra ne pas convenir dans le répertoire baroque et c'est dommage si cela restait votre goût premier car ce répertoire comprend un large corpus musical.

Une voix qui se développe perd certaines couleurs pour en gagner d'autres. Et le vibrato régulier devient partie intrinsèque de la voix. 

Je pense que lorsque l'on débute des études de chant, il faut avoir un objectif, connaître ses goûts musicaux, se projeter dans une époque plutôt qu'une autre.

Je connais des chefs qui ont programmé des chanteurs lyriques dans un opéra de Haendel. Autant dire que, d'après moi, le résultat était une véritable cacophonie.

 

Ai-je répondu à votre question ? Surtout, n'hésitez pas à poursuivre la discussion, car comme vous l'aurez compris, la technique vocale est ma passion et mon objectif est de la partager !

Bonne continuation et bravo pour votre chorale !

Hélène.

Mendele

Pourquoi êtes vous réticente à pousser vos élèves vers une carrière de chanteur(se) professionnel(le)?

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